C’était mercredi : Isabelle Sibierski expliquait posément, clairement qu’elle était une femme de joueur professionnel, quand elle fondit en larmes. « J’ai le sentiment que ces femmes qui brassent l’argent de leurs maris n’ont pas une belle image. Ce rapport à l’argent est très malsain dans le football. On nous a toujours imaginées dans les billets, du matin au soir. »
L’épouse d’Antoine Sibierski interloqua un auditoire, restreint certes, mais estomaqué par autant de vérité et de franchise, de sensibilité et d’émotion. « Notre action va peut-être sensibiliser ces épouses à quelque chose de plus terre à terre, de concret. Si je peux décider, ne serait-ce que 3 % de ces femmes, j’aurai gagné quelque chose. »
Sibylle, le petit ange à ne pas oublier
Depuis deux ans, le couple Sibierski s’est lancé corps et âme dans la récolte de fonds permettant de faire vivre la Fondation qui porte le nom de leur fille, Sibylle Sibierski (1). Et c’est de manière fortuite qu’Antoine et Isabelle ont trouvé en Fabien Desmet, le président de l’US Tourcoing FC, et Jean-Joseph Tusa, l’adjoint aux sports de la ville de Tourcoing, des interlocuteurs attentifs et efficaces.
« L’histoire s’est passée très, très vite, raconte Desmet. L’ennui, c’est qu’elle intervenait la veille d’un 1er avril… Antoine voulait d’abord qu’on lui prête le terrain synthétique de « Van de Veegaete » pour un match anodin, avant la soirée qu’il organisait le 15 avril, dans les Salons Caquant. Après une réunion avec les responsables de la mairie, nous avons décidé de faire plus. » Antoine Sibierski a ainsi été sensible par le simple fait que Tourcoing ait donné son coeur… et prêté ses installations. « Nous continuons ce que notre fille faisait très bien, c’est-à-dire donner. Nous venons aider et assister des associations. Aider des enfants plongés dans un mal-être. Nous n’avons pas la réputation de vouloir révolutionner quoi que ce soit. Oui ! notre action est faite pour entendre et continuer à lire le prénom de notre fille. »
21 ans, le 15 avril…
Sibylle a mis fin à ses jours il y a plus de deux ans. Le 15 avril, elle aurait eu 21 ans… Dimanche 15 donc, de 10 h à 15 h, à « Van de Veegaete », Antoine Sibierski, l’ancien Lillois, dix-sept ans de professionnalisme, sera sur le terrain pour accueillir 80 enfants, âgés de 8 à 13 ans. « Nous n’étions pas exigeants. Mais je suis sensible au fait d’avoir eu plus.
Des petits tournois sont prévus. Des présences également… Sibierski, mais aussi Yohan Cabaye, Patrick Vieira et d’autres surprises, avant de retrouver tout ce beau monde, Didier Drogba, Guy Roux ou encore Mickaël Landreau en plus, lors d’une soirée qui servira à la récolte de fonds. Car au-delà du prestige, il est avant tout question de coeur. Sibylle aurait certainement apprécié.
DIDIER PARSY
Source : La Voix du Nord